À Malmedy, la présence des gens du voyage fait l’objet d’un règlement. De quoi contrôler la situation, selon le bourgmestre.
Jean-Paul Bastin, Malmedy fait partie des communes wallonnes à «encadrer», via un règlement, le passage de gens du voyage sur leurs terres. Pourquoi vous attaquez-vous au sujet ?
Précédemment, alors que je faisais encore partie de la minorité, il y avait eu un gros campement du côté de Bernister, qui nous avait laissé une montagne de sacs-poubelles. Ça n’était pas une belle carte postale pour la ville. J’ai voulu m’attaquer à la question des gens du voyage dès ma mandature de bourgmestre précédente (2012-2018). De façon pragmatique, sans débat idéologique : quel que soit notre avis à leur propos, nous ne pouvons nier leur existence. Le mode de vie des gens du voyage existait avant nous et il existera après. L’idée n’était pas de créer un appel d’air en leur proclamant : «Venez chez nous». Mais d’apporter une réponse concrète.
Comment fonctionne votre règlement ?
Il limite un campement à 15 caravanes. Ce dernier ne peut rester que 15 jours (maximum) sur un même lieu. En outre, il faut nous fournir l’identité de chaque personne présente et il y a une caution à payer, en liquide. Ils doivent aussi acheter des sacs-poubelles et la Ville procède à l’installation éventuelle d’un compteur d’eau (via une bouche incendie) et d’électricité.
Il n’existe ainsi pas d’endroit prévu à leur accueil ?
Non. Mais vous savez, ils se parlent et (re) viennent généralement aux mêmes lieux.
Combien de groupes la Ville de Malmedy accueille-t-elle par an, généralement ?
Environ deux, trois, en moyenne.
Dans les faits, le règlement fonctionne-t-il ?
Oui, oui. Lorsqu’ils arrivent, il ne faut pas longtemps avant que j’en sois informé. Dès le lendemain, l’agent habilité se rend sur place pour leur signifier et leur expliquer notre règlement. Il ne leur demande pas de partir. Certains le font d’eux-mêmes, notamment si le groupe possède plus de 15 caravanes. Je ne vais pas dire que la population est «heureuse» de savoir que des gens du voyage sont présents, mais nous pouvons la rassurer sur le fait que nous contrôlons la situation.
S’il fallait tirer un premier bilan, il serait dès lors positif.
Très positif. Se retrouver avec 300 personnes dans une prairie, comme c’est arrivé une fois, était ingérable.
Vous ne rencontrez jamais de problème ?
Nous les «tenons» par la caution. Avant qu’ils partent, nous nous rendons sur place pour vérifier que tout est en ordre. Une fois, un col-de-cygne avait disparu : même s’ils juraient n’y être pour rien, ils l’ont repayé.
Source : L’Avenir – Malmedy – – Interview : Antoine VIDUA