La Foire du Midi est annulée: «Bruxelles punie à cause d’une mauvaise gestion de l’épidémie à Anvers»

 

La Foire du Midi est annulée: «Bruxelles punie à cause d’une mauvaise gestion de l’épidémie à Anvers»

Les manèges de la Foire du Midi resteront silencieux et immobiles en 2020. ÉdA – Julien RENSONNET

La Foire du Midi 2020, plus gros événement forain de Belgique, est définitivement annulée. C’est ce qu’annoncent le Bourgmestre de Bruxelles Philippe Close et son échevin Fabian Maingain. Selon ce dernier, la limitation des événements à 200 personnes rend la foire «intenable». Les forains, eux, sont en colère.

 

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Ça semblait inéluctable: la Foire du Midi est annulée. C’est Philippe Close, Bourgmestre de Bruxelles (PS), qui l’annonce sur Twitter dans la foulée du CNS de ce lundi 27 juillet, rejoint par son échevin des Affaires économiques Fabian Maingain (DéFI). Maintenir l’événement alors que le rebond du coronavirus se fait de plus en plus menaçant semblait en effet difficilement tenable.

«Suite à l’évolution de l’épidémie depuis jeudi dernier, nous devons prendre la difficile décision d’annuler la Foire du Midi. Il n’est plus possible de tenir cet événement vu les nouvelles mesures définies par le CNS», se défend le maïeur.

 Nous recevrons demain les représentants des forains pour leur expliquer notre décision et analyser avec eux la situation. #Foiredumidi

— Philippe Close (@PhilippeClose) July 27, 2020

 

Jusqu’au bout, les autorités bruxelloises ont tenté de maintenir l’événement. Le 16 juillet, lors de la présentation du plan de relance du commerce bruxellois, Close se félicitait même de ne l’avoir pas annulé «alors que dès le début du confinement, on nous suggérait sans arrêt de le faire». Les édiles comptaient d’ailleurs sur la Foire du Midi comme appât à touristes belges, empêchés de séjour à l’étranger suite à la pandémie.

«200 personnes, c’est intenable»

Mais avec la limitation à 200 personnes nouvellement édictée ce 27 juillet par le CNS, maintenir un événement qui attire chaque année entre 1,2 et 1,5 million de visiteurs, dans une promiscuité que l’on connaît sur l’étroit boulevard du Midi, devenait injouable. Tant du point de vue organisationnel qu’économique.

«Cette limitation à 200 personnes rend la Foire du Midi intenable», acquiesce Fabian Maingain. «Tant du point de vue organisationnel que de la rentabilité» des 120 métiers présents. Durement frappés depuis mars, ceux-ci piaffaient sur le site depuis le début du week-end dernier, regonflés comme des ballons à l’hélium. L’événement décalé à août devait ramener du sucre dans leurs croustillons. Maintenant, ils vont devoir plier bagage. Jusqu’à une date aussi indéfinie que le moment où les piécettes des machines à sous se décident à dégringoler.

La peur du cluster?

Si la décision a tardé, c’est «faute de données plus précises sur l’évolution de l’épidémie depuis jeudi dernier» et l’avant-dernier CNS. L’échevin des Affaires économiques, qui s’est dit en contact étroit avec les forains en amont de la décision, rappelle que la Ville se tenait prête avec son dispositif de désinfection et de limitation du nombre de personnes, doublé d’un «contrôle renforcé» à l’entrée du champ de foire.

Quant à la possibilité de voir la Foire du Midi devenir un «cluster» épidémique vu la relative jeunesse de son public, Maingain s’avoue «serein». L’hypothèse a-t-elle pesé dans la balance alors que les appels à l’annulation se multipliaient à Bruxelles, notamment dans les rangs de l’opposition libérale? «Nous avons toujours respecté l’avis des experts», biaise l’édile. Avant de tacler: «Aujourd’hui, c’est tout Bruxelles qui est punie en raison d’une mauvaise gestion de l’épidémie en Flandre et singulièrement à Anvers».

 

«Pas aussi importants que Walibi, Plopsaland, Pairi Daiza?»

Les forains rencontrent la Ville ce mardi. Les conditions de démontage notamment seront abordées, mais les autorités s’attendent aussi à entendre «leur colère et leur déception».

Patrick De Corte, le Président de l’Union des forains de Bruxelles, les dit en effet très remontés. Le frituriste regrette vertement que son secteur soit distingué des ambulants des marchés, de l’horeca ou des parcs d’attractions. «Pourquoi ne pourrions-nous pas travailler comme les maraîchers, les cafetiers, les restaurateurs? Nous ne sommes pas aussi importants que Walibi, Plopsaland, Pairi Daiza?», interpellait-il dès ce dimanche 26 juillet sur Facebook.

Alors que le pire se produit le lendemain pour De Corte et ses collègues, il prévient: «Des familles n’ont plus de revenus depuis mars. Des choses graves pourraient se passer».

https://www.lavenir.net/cnt/dmf20200727_01494320/difficile-decision-la-foire-du-midi-est-annulee