séjour temporaire 2021

9 novembre 2021 – Communiqué de presse – Gens du Voyage

séjour temporaire 2021Partant d’un article[1] relatant l’occupation à Mons d’un terrain privé par des Gens du Voyage et des incidents qui se seraient produits avec le propriétaire, une polémique enfle par presse et réseaux sociaux interposés. Les autorités politiques, judiciaires et policières sont fustigées sur leur prétendue sévérité envers les citoyens sédentaires alors qu’ils seraient complaisants envers les Gens du Voyage. Moins de 24h après la publication de cet article, les centaines de commentaires échangés en disent long sur le sens et la portée des propos tenus par certains.

Les Gens du Voyage sont d’ici

Pour rappel, les Gens du Voyage font partie intégrante de la population belge et wallonne depuis plus de 500 ans. Les tapisseries de Tournai datant du XVème siècle sont une des premières représentations de leur présence en Europe occidentale. Leur mode de vie est d’abord un mode d’habitat différent. L’absence de considération pour ce type d’habitat et surtout l’absence de terrains d’accueil, malgré les avancées récentes en région wallonne, engendrent des situations où les Gens du Voyage, de part leur simple existence, sont dans l’illégalité permanente. Pour nous, la situation telle qu’exposée au sein de l’article met en évidence le manque cruel de terrains – accessibles en région wallonne mais aussi en région bruxelloise. Et ce, particulièrement à la veille de l’hiver.

Sur les 262 communes que compte la Wallonie, 10 d’entre elles seulement disposent d’une aire d’accueil dévolue aux Gens du Voyage tandis que seulement quelques-unes parmi celles-ci ont répondu à l’appel à projet lancé par la Région Wallonne en son décret du 02.05.2019, en vue de financer l’acquisition, l’aménagement, l’extension et l’équipement de terrains d’accueil à destination des Gens du voyage. En région bruxelloise, la question est encore plus problématique puisque ces derniers sont tout simplement persona non grata dans les 19 communes et cela depuis plusieurs années !

En 2012, la Belgique a d’ailleurs été condamnée par le Conseil de l’Europe pour violation du « droit des familles à une protection sociale et économique » tandis qu’elle n’assurait pas « sans discrimination la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale des Gens du Voyage ».         La Cour européenne des droits de l’homme s’est également prononcée à deux reprises pour condamner le sort réservé aux Gens du Voyage, ici en France et au Royaume uni en l’occurrence.

Nous rappelons qu’il s’agit ici de familles, d’hommes de femmes et d’enfants qui dans la majorité des cas n’ont même pas un accès garanti à l’eau et à l’électricité. C’est donc bien cette insuffisance d’offre d’espaces adaptés qui crée, sur le terrain, des tensions avec les Gens du Voyage.

Le dialogue comme antidote au conflit permanent

Et pourtant, c’est justement cette tentative de trouver une solution viable pour tous qui est fustigée et remise en cause. Plutôt que de surfer sur les peurs séculaires envers les Gens du Voyage, quelques communes, dont Mons, tentent d’apporter des solutions pour gérer et encadrer l’installation des Gens du voyage sur leur territoire pour limiter les problèmes et mettre fin à ces conditions de vie indignes au XXIème siècle. L’information, la concertation, mais aussi des possibilités concrètes pour les Gens du Voyage de séjourner décemment et avec l’accord des autorités sont la clé du succès. Il n’y a pas d’alternative au dialogue !

L’antitsiganisme

Tous les acteurs de terrain le diront. Les solutions sont techniquement simples : un terrain avec de l’eau, du courant et un ramassage des déchets. Elles sont aussi financièrement peu coûteuses au regard de ce que couterait, par exemple, la construction de logements sociaux en dur. En revanche, les stéréotypes à l’encontre des Gens du Voyage sont tellement nombreux et ancrés dans le vécu de tout un chacun qu’ils empêchent les décideurs, surtout au niveau communal, de prendre quelqu’initiative que ce soit permettant d’améliorer la situation des Gens du Voyage. Nous pouvons affirmer que l’antitsiganisme, car il faut bien nommer ce phénomène, est le principal obstacle dans la recherche de solutions. En effet, la volonté de tous les acteurs risque, à chaque moment, d’être mise en échec par les rumeurs à l’encontre des Gens du Voyage. Alimenter celles-ci, même indirectement, revient clairement à mettre en difficulté les initiatives visant à trouver des réponses à la question de l’accueil des Gens du Voyage.

Et des initiatives, il y en a, même si elles restent partielles et insuffisantes. Le Centre de Médiation des Gens du Voyage est le témoin, depuis vingt ans, des efforts faits et des initiatives prises par des bourgmestres et échevins, quelle que soit leur couleur politique, pour accueillir plus dignement les Gens du Voyage dans leur communes. La police et les services communaux, souvent rejoints par de simples citoyens, essayent aussi d’assurer, parfois dans des conditions difficiles, un accueil minimum. D’autres, souvent issus de l’associatif, tentent d’organiser des événements artistiques ou culturels permettant des échanges entre les Gens du Voyage et les autres habitants de la commune.

C’est donc bien cet antitsiganisme insidieux qui met en échec depuis plus de 20 ans les différentes tentatives, au niveau local et régional, d’apporter une vraie réponse à l’exclusion des Gens du Voyage. Loin d’être la solution, rejeter, exclure, harceler les Gens du Voyage font partie du problème.

Des structures d’accueil

Le résultat ? Une absence de structures d’accueil adéquates qui favorise les installations spontanées et la survenance d’incidents comme celui évoqué à Mons. Cette pénurie pénalise nécessairement les Gens du Voyage mais également en seconde ligne, les habitants locaux.

Pourtant, la Région wallonne soutient, depuis plusieurs années, la création et l’aménagement de terrains d’accueil pour les Gens du Voyage.

Ainsi, les initiatives telles que celles développées à Mons doivent être encouragées et soutenues. Au contraire de ce que laisserait croire une attitude de rejet, la multiplication de ces projets partout en Wallonie, loin de créer des problèmes et de l’insécurité, permettrait au contraire de les encadrer et de les limiter. C’est donc avec force que le Centre de Médiation des Gens du Voyage appelle l’ensemble des communes à sortir de l’attentisme, à se lancer dans un processus d’organisation de l’accueil des Gens du Voyage et à se saisir des opportunités et du soutien offert par la Région wallonne. Assurément, comme le stipule l’adage brésilien, la volonté rend le chemin plus court…

Ressources:

Guide de bonnes pratiques: https://cmgv.be/images/pdf/guide%20bonnes%20pratiques.pdf

Liste des communes qui accueillent: https://cmgv.be/habitat-mobile/accueil-communal

Vidéo: Les Verdines d’Antoine: https://cmgv.be/ressources/reportages/465-les-verdines-d-antoine

 

Dernière mise à jour: 10/11/2021